Le
trait note...
L'ange Gardien s'est dissout d'un regard.
Le trait note, traduit, rédige, rehausse, corrige
et s'estompe, tiré par la méditation qui nie la ligne
et lie les faces. Surfaces, transparence, présence, essence,
garance, latence intense et danse à plat, d'un plan à
l'autre, rempli, dépit, replis, accroupi, assoupi.
Par dessus se pose, recouvre, découvre, arrache, tâche,
mâche, lâche la couleur, la colle, le pigment hurlant,
abrupte, rasé, chanté, chahuté, encouragé,
étalé puis séchant, sauvé des eaux.
Interpellé, saisi d'émotions, de tremblements,
de terre, de feu, par la sculpture et l'architecture romane, Bruegel
l'ancien, Paolo Ucello, l'art océanien, André Derain,
Etienne Martin… l'oiseau brasse l'air qui l'enivre et doutant
de l'âme, se pose dans la folie du vent. Puis volant toujours,
ennué, brouillant d'alcool évaporé, trempé
de bleu, couvert de peu, l'homme se jette, mélancolique élan,
vers ses confins.
Assis au bord du monde, entre larmes de rasoir et précipices,
contemplant l'équilibre du monstre et de l'espoir face à
face, voici ce que fait de ses talents l'ancien enfant qui voit
tous les instants de sa vie et guette la seconde de sa mort.
Pierre-Guerchet-Jeannin |
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